Perdu dans la ville [PV Sigmund/Namidachi]

C'est le soir, et Sigmund se promène dans cette ville nordique. Normalement, les asgardiens ne sont pas censés se mêler aux humains normaux, ceux qui vivent sans se soucier de l'existence des dieux, comme si Athena, Odin, Hadès ou Mars n'existaient pas.

Mais Sigmund est curieux. Il se demande comment sont ces gens qui vivent sans avoir besoin de prier pour que les glaces du pôle ne fondent pas. Il paraît qu'ils ont une vie plus heureuse, et l'asgardien ne peut s'empêcher de se demander celui qu'il aurait été s'il n'était pas né dans une famille de guerriers sacrés du nord.

Pour le moment il est très impressionné. Toutes ces inventions qu'il n'y a pas à Asgard, l'électricité, les voitures, ... Pourtant les gens ont l'air de vivre dans leur petit monde et font très peu attention à ce qui les entoure. Soudain devant ses pieds il voit une clé. Sans doute quelqu'un l'a perdue. Il voit un garçon appuyé contre un mur qui a à peu près son âge et qui a l'air préoccupé. Sigmund lui tend la clé et lui parle pour le sortir de ses pensées.

" Salut. Est-ce que c'est à toi ? "

C'était bien les clés de ce garçon. Celui-ci réagit avec tellement d'enthousiasme que Sigmund sursaute. Finalement, il suffit simplement de regarder ce qui se passe et d'aider un peu les gens pour qu'on vous tende la main. Le nordique laisse échapper un rire avant de répondre.

" Ce n'est rien du tout, tu aurais fait la même chose pour moi. Tu devrais me tutoyer, on n'est pas des vieux. "

Sigmund sourit, il a l'air sympathique ce garçon, même s'il a l'air d'avoir la tête un peu dans les nuages. Sans doute un artiste qui pense à ses prochaines créations. Il se demande s'il n'a pas été un peu maladroit dans sa façon de parler, le jeune garçon a l'air plutôt raffiné. Il a bien envie de faire sa connaissance. Qui sait, il lui parlera sans doute du monde moderne dont ne fait pas partie Asgard. Mais il ne sait pas s'il a le temps ou s'ils vont s'entendre. Tant pis, il tente sa chance.

" Dans mon pays, quand on veut vraiment remercier quelqu'un on l'invite à prendre un verre ou à manger chez soi. "

Contrairement aux apparences, l'artiste tête en l'air n'est pas d'ici. C'est un étranger, et il loge à l'hôtel pour le moment. Mais cela ne l'empêche pas d'inviter Sigmund et de faire de son mieux pour vaincre son embarras. Il se force à tutoyer cette nouvelle connaissance et décide de demander son chemin, malgré son chemin aux passants même s'il ne maîtrise pas bien la langue du pays. Il est tellement sympathique avec son ton joyeux et son naturel que Sigmund le laisse le traîner par le poignet sans protester et décide de l'aider :

" Si tu veux, je traduirais ce que tu as envie de demander, tu n'auras pas à te sentir gêné. "

En attendant de trouver quelqu'un qui n'ait pas l'air trop pressé, Sigmund répond à la question de son compagnon. Il hésite un peu, car Asgard est un endroit qui doit rester secret pour les humains normaux.

" Je m'appelle Sigmund. Enchanté, Namidachi. Le Japon, c'est très loin, non ? Heu, mon pays est assez petit et méconnu, il ne se trouve sur aucune carte. Je crois que cela ne te dirait rien si je te disais son nom. C'est très différent d'ici. Il y fait assez froid, et ce n'est pas aussi ... moderne. Enfin, c'est compliqué. "

Très naturellement, Sigmund arrête un passant en le saluant et lui dit dans la langue locale qu'il voudrait un petit renseignement. Il n'a plus qu'à traduire le reste de la conversation, et Namidachi pourra retrouver son chemin facilement !

Bizarrement, Namidachi comprend parfaitement que Sigmund ne peut pas parler ouvertement de son pays et trouve ça normal. L'asgardien regarde son compagnon avec perplexité. Il paraît que les artistes ont le don pour deviner des choses cachées, peut-être que c'est le cas de Namidachi.

Le passant auquel ils posent la question ne sait malheureusement pas les orienter précisément, il leur donne seulement la direction du quartier. Sigmund ne se décourage pas et demande plusieurs fois le chemin. Plus ils approchent, plus quand il pose la question on le regarde bizarrement. Il comprend quand ils arrivent enfin devant l'imposant hôtel. Sigmund est impressionné.

" C'est ici que tu t'es établi ? A quel étage ? "

Il se dit qu'il doit y avoir une belle vue des étages les plus hauts, d'autant que cet endroit de la ville est joli à regarder.

Sigmund est déjà très enthousiaste à l'idée d'aller visiter cet endroit. Boire et manger quelque chose en bavardant tout en regardant les lumières de cette ville, il sent qu'ils vont passer un très bon moment. Malheureusement les choses ne se passent pas aussi bien que Namidachi l'espérait lorsqu'ils passent devant la sécurité. Sigmund tombe des nues quand il apprend qu'il faut montrer une carte pour prouver qu'on n'est pas un voleur ou un terroriste.

A Asgard, il me suffit de dire mon nom. Tout le monde me connaît, ou au moins connaît ma famille, je n'ai jamais de problème !

Il essaye d'expliquer qu'il n'est pas quelqu'un de malhonnête, et donne sa parole d'honneur qu'il n'entre pas avec l'intention de voler ou de tuer quelqu'un. Les gardiens de la sécurité commencent à échanger des mots entre eux, Sigmund sent bien qu'ils sont en train de le tourner en ridicule. Sa fierté en prend un coup et il commence à bouillir de colère.

" Est-ce que vous sous-entendez que ma parole d'honneur ne vaut rien ? "

Pour le coup les deux gardiens se regardent, il commencent à en avoir assez de ce têtu qui s'obstine à vouloir passer sans montrer ses papiers d'identité. Les choses commencent à déraper, les gardiens veulent faire sortir Sigmund par la force mais celui-ci indigné oublie où il est et leur résiste. Certes il est assez grand, mais les gardiens n'imaginaient pas qu'ils auraient du mal à le bouger. Tout le monde commence à les regarder et une hôtesse est en train d'appeler discrètement des renforts à son standard.

Ils sont dans l'ascenceur et Sigmund n'en revient toujours pas. Il a bien senti Namidachi utiliser le cosmos ! Et ce n'était pas un cosmos d'homme ordinaire, qui surgit accidentellement de temps à autre, c'était un cosmos d'une puissance dont Sigmund n'aurait jamais pensé qu'elle puisse exister. Est-ce que Hilda est capable de s'élever jusque-là ? Il n'en sait rien.

Pourtant, maintenant qu'ils sont seuls Namidachi semble particulièrement malheureux de ce qui était arrivé. Malgré le choc de la révélation du potentiel de Namidachi, Sigmund ne peut que sentir de la compassion pour lui. Il sent bien que ce n'est pas quelqu'un de mauvais et au contraire, son aura inspire confiance à l'Asgardien. Il ne sait pas trop comment réagir, gêné parce qu'au fond c'était un peu à cause de son impulsivité que le passage à la sécurité s'était mal passé.

" Hé bien, tu as l'air gentil comme ça, mais en fait il ne faut pas t'embêter. Et on dit que je suis colérique. "

Il a décidé de prendre les choses à la légère et croise les bras en souriant à Namidachi. Puis il pose une main réconfortante sur l'épaule du chanteur.

" Il n'y a pas de mal, c'est vrai que ces gardes ne sont pas très malins. N'empêche, tu es très persuasif, personne ne pensera à nous chercher inutilement des ennuis après ça. Hé, ça va aller ? "

Namidachi semble un instant aller un peu mieux, mais c'est pour sombrer davantage dans la tristesse. Sigmund hausse les sourcils en entendant de telles confidences. Namidachi serait responsable de la mort de personnes qui l'auraient recueilli alors qu'il était orphelin ? L'asgardien a bien compris que le pouvoir de son compagnon est d'une puissance terrible et mal contrôlé, sans doute peut-il causer du tort aux autres. Il se met peut-être lui-même en danger en restant avec cet étrange personnage.

En même temps Sigmund n'a pas l'habitude de reculer devant les risques. Au contraire, si le destin lui présente  de nouveaux défis, il fonce tout droit pour les relever. Peut-être découvrira t-il quelque chose d'important pour lui-même, pour un potentiel nouvel ami, pour tout le monde peut-être. Fuir est pour lui la pire des solutions, et Namidachi fuit quelque chose sans savoir de quelle nature elle est. Il fallait dire pour sa défense qu'il avait dû avoir un choc et qu'on ne l'avait pas aidé.

" Je suis désolé, mais je vais dire quelque chose qui n'est pas très convenable. Ton frère est un idiot ! Est-ce qu'il est expert en monstres pour affirmer qu'il en reconnaît un ? Tant que je n'en aurais pas la preuve irréfutable, tu n'en es pas un pour moi. "

Il serre le poing avec conviction. Ce n'est pas ce qu'il appelle un esprit fraternel. Avec son petit frère Siegfried, ils partagent tout et se soutiennent même quand ils sont en tort.

" Utiliser son cosmos n'est pas une preuve en soi qu'on est un être malfaisant. Je pense même que tu devrais apprendre à le maîtriser si tu peux. "

C'est alors qu'une voix nasillarde se fait entendre pour dire qu'on est arrivé au dernier étage. Sigmund sursaute. Est-ce que quelqu'un les a écoutés parler de ces choses graves ? La porte s'ouvre et il se demande si Namidachi va avoir le courage de se relever.

Ce que les paroles de Sigmund sous-entendent est peut-être un peu trop pour Namidachi qui a l'air vraiment fatigué. Celui-ci lui reproche presque de lui en avoir autant dit. Pourtant, les révélations du chanteur sont presque aussi difficiles à écouter. Il murmure alors simplement :

" Parce que si maîtriser ce pouvoir c'est être un monstre, cela veut dire que les miens et moi en sommes aussi. Je t'expliquerai. "

L'asgardien se laisse guider dans la suite en songeant que ce garçon, malgré son nom étranger a un type physique de la région nordique. Il songe à ce qu'on lui a dit sur les dieux, ceux qui possèdent les humains et ceux qui s'éveillent en eux. Peut-être que Namidachi est un dieu nordique sans le savoir ...

Il est très impressionné par les lieux qu'occupe Namidachi et tandis que le maître des lieux s'affale sur un divan, Sigmund ne peut s'empêcher d'aller observer quelques instants le panorama. Namidachi en est toujours au chapitre des confidences.

" Dis toujours ? "

Les propos de Namidachi sortent Sigmund de sa contemplation. Il se tourne vers le chanteur, sans pouvoir prononcer un mot, ses yeux disent simplement qu'il comprend la tristesse de son hôte. Celui-ci doit se rendre compte que la conversation n'est pas joyeuse et propose de manger un morceau. Sigmund n'a pas très faim pour le coup. Il s'assied sur l'un des tabourets à la table haute et répond :

" Je ne suis pas difficile. La même chose que ce que tu manges d'habitude ? "

Il ne lui en veut pas de lui avoir raconté toutes ces choses assez difficiles à entendre. C'est qu'au fond il en avait besoin. Il regarde Namidachi s'affairer et se dit que vraiment ce garçon est très beau avec son visage au dessin tellement fin. C'est assez rare pour être remarqué. Peut-être que l'hypothèse que c'est un dieu encore en sommeil n'est pas si folle. Il garde pourtant ces réflexions pour lui-même, il n'a pas envie d'effrayer Namidachi qui a déjà le moral au plus bas. Il essaye plutôt de le faire un peu parler sur sa vie normale.

" Tu voyages beaucoup comme ça ? Ce n'est pas un peu bizarre de changer tout le temps d'endroit ? "

Le petit spectacle de la cuisine est assez réjouissant. On dirait que Namidachi aime bien faire ça, et Sigmund le regarde faire avec un petit soupir détendu. Le japonais explique alors qu'il a du mal à se faire des amis et qu'il craint beaucoup de n'être apprécié que pour sa célébrité. Sigmund a bien vu l'une des affiches de concert dans l'appartement où on voit justement le chanteur, il y en a beaucoup d'autres dans la ville.

" Je sais ce que c'est que d'avoir du pouvoir. Ma famille a beaucoup de prestige dans mon pays et il est difficile de distinguer les personnes qui ont un attachement différent de celui qui est lié à la chance d'être respecté pour un nom. Cela dit, je serais étonné d'apprendre que tu n'attires les gens que par ta célébrité. "

L'odeur de l'en-cas que Namidachi prépare commence à monter de la poële. Sigmund n'a jamais vu une nourriture semblable, mais cela ne le dérange pas d'essayer, il est plutôt curieux.

" Tu as plutôt l'air d'aimer cette vie comme tu la mènes, et ce que tu en fais."

Sigmund est assez interloqué d'entendre le chanteur lui expliquer que l'horrible mésaventure dont il a été victime n'est ni une honte ni un secret, mais peut-être la raison même de son engagement dans la musique, sa croisade personnelle. Il faut dire que ce genre de chose, on n'a pas tendance à en parler dans son pays. Il acquiesce doucement de la tête, avec un nouveau respect pour son hôte qui fait preuve d'un courage exemplaire. Namidachi dissipe à nouveau le silence d'un rire.

" C'est vrai ? En même temps, je suis là pour apprendre d'un monde que je ne connais pas. Donc, j'écoute ... C'est drôle comme tes parents essayent de te protéger. Mon père nous a toujours poussé devant les risques, mon frère et moi. Il pense que cela rend plus fort. "

Sigmund profite de ce que le chanteur est occupé pour le regarder encore. Son regard n'est pas équivoque quant à ce qu'il peut ressentir. Namidachi est vraiment très beau, mais il n'y a pas que cela. La personnalité du chanteur ou plutôt quelque chose qui relève de la présence ou de l'aura touche l'asgardien. Il y a quelque chose d'à la fois intense et fragile, de doux et de tranquille chez lui. Sigmund se dit que s'il était un camarade d'armes, ce serait le genre de personne pour lequel il pourrait prendre des risques irrationnels sur le champ de bataille comme cela peut arriver parfois entre des guerriers qui sont davantage que des amis.

Fort heureusement, il n'y a pas de guerre, et Namidachi n'est pas un combattant, même s'il a une autre forme de lutte à mener. Il toussote alors qu'il a l'impression que le chanteur a surpris ses regards trop appuyés et sourit largement.

" Est-ce que c'est bientôt prêt ? J'ai hâte de goûter ce que tu prépares. "

" Hé bien ça à l'air vraiment bon. "

Namidachi a terminé son oeuvre culinaire et le présente avec bonne humeur. Sigmund le remercie d'un léger mouvement de la tête d'avoir vraiment pensé à tout et verse de l'eau pour chacun d'entre eux. Son hôte a vraiment le goût du détail, et ça le fait sourire.

" Heu. Le vert je dirais. Pourquoi ? "

La question du chanteur le prend un peu au dépourvu. La fourchette en suspens au-dessus de son bol, il croise le regarde de Namidachi.