Perdu dans la ville [PV Sigmund/Namidachi]

Sigmund regarde les baguettes, puis Namidachi. Il est assez frappé de voir à quel point leur amitié se noue rapidement. Peut-être trop rapidement pour être normale, mais en même temps, tout semble tellement couler de source.

" Oh ... Merci. "

Il commence à piquer dans son assiette et trouve le plat un peu curieux mais plutôt bon. Sans doute que Namidachi attend son verdict, alors il le lui donne sur le ton de la plaisanterie.

" Fais attention parce que maintenant que tu me l'as proposé, je pourrais venir m'inviter souvent ! Tu restes dans le pays les prochains temps ? "

La bonne nouvelle, c'est qu'ils vont pouvoir se voir les prochains temps selon les dires de Namidachi. Sigmund n'a qu'une très vague idée de ce qu'est un film, mais il espère que cela n'occupera quand même pas trop le chanteur. Il bavarde un peu avec lui pour comprendre de quoi il s'agit même si c'est assez compliqué de se faire une idée dans l'abstrait. Pendant ce temps le contenu des bols se vide.

La moins bonne nouvelle, c'est que Namidachi voudrait que l'asgardien se fasse faire un passe pour entrer sans problème dans l'hôtel. Au vu de ce qui s'est passé tout à l'heure, il ne peut que comprendre son hôte. La situation était très gênante pour Namidachi, et Sigmund en ressent encore un peu de honte.

" Je comprends, tu as sans doute raison. Mais je ne sais pas si c'est absolument nécessaire. "

L'Asgardien a attendu la fin de leur repas pour donner son avis. A vrai dire, il n'a plus tellement envie d'avoir à faire à ces gens qu'il trouve peu respectueux et bornés. D'autant qu'il imagine bien que ce ne sera pas aussi simple que ça en a l'air sinon cela n'aurait pas fait tant de problèmes tout à l'heure. Sigmund ne sait pas trop comment exposer son idée et réfléchit en regardant par la fenêtre.

" Tiens, on dirait que ce chien a été oublié sur le rebord de la fenêtre. Là, il est dans le bâtiment d'en face. Son propriétaire n'a pas dû le voir sortir et il aura fermé les battants sans s'en rendre compte ... Tu me donnes cinq minutes ? "

L'asgardien passe dans la salle de bains du loft, sort par la fenêtre et sans le moindre mal descend dans la cour arrière de l'hôtel sans se faire remarquer avant de faire le grand tour pour récupérer l'animal. Quelques instants plus tard, il est de retour dans la chambre d'hôtel, la main sur les yeux du chien qui aurait eu autrement la peur de sa vie s'il avait vu les endroits par lesquels Sigmund est passé. Fier de son exploit et d'avoir pû démontrer qu'il n'a pas besoin de passe pour entrer et sortir d'ici à sa guise, l'aîné des Duhbe adresse un large sourire à Namidachi.

Namidachi est absolument épaté par cette performance. C'est très agréable d'être applaudi mais finalement Sigmund finit par laisser échapper un rire amusé. Il ne peut pas lui laisser penser en toute honnêteté à son ami que c'est extraordinaire. Le plus maladroit des prétendants au rang de guerrier divin est capable de faire ça. Cela demande de l'entraînement, mais en même temps c'est ce à quoi Sigmund consacre sa vie.

" Je ne suis pas trop mauvais à cet exercice, mais j'ai vu plus habile. Cela a à voir avec le 'pouvoir'. Le cosmos. Peut-être que tu pourras le faire aussi. "

Mais quand Sigmund regarde Namidachi s'occuper si gentiment du chien, il commence à se demander si c'est vraiment une bonne idée de lui apprendre à se battre. Le chanteur montre tellement de gentillesse et de générosité. Cela se voit qu'il aime les animaux, et même si cela ne dit pas tout d'une personnalité cela en dit quand même assez long avec tous les détails que Sigmund a remarqué chez le chanteur.

Je crois qu'il a le coeur pur. Le confronter à la violence, lui apprendre le cosmos alors que je suis moins doué que mon propre frère cadet. Je ne pourrais pas. Je n'en aurais tout simplement pas le courage.

" Je crois qu'il t'aime bien. Tu le rapporteras à son propriétaire plus tard ? "

Le petit repentir de modestie de Sigmund ne fonctionne pas, Namidachi est toujours enthousiaste, et l'idée d'apprendre avec son nouvel ami a déjà germé dans son esprit.

" Je ... "

L'aboiement du chien tire momentanément Sigmund de l'embarras. Pendant que le chanteur va chercher de l'eau, l'asgardien essaye d'apprivoiser l'animal avec un peu plus de difficulté que son hôte. Enfin, quand il parvient à peine à le gratouiller entre les oreilles, le chien s'en va tout de suite à la rencontre de Namidachi qui lui ramène à boire.

" Apprendre quelque chose à quelqu'un, c'est délicat. Surtout ça. C'est très difficile. Parfois dangereux. Je ne crois pas que j'en serais capable. "

Je ne crois pas que je serais capable de te voir souffrir.

Ce dernier aveu, il ne le dit pas à voix haute. Il secoue la tête.

" Mais on trouvera quelqu'un qui en aura les capacités. Je te le promets ! "

" Mais les promesses c'est aussi sacré chez nous ! Je ne dis pas des paroles en l'air. "

Une fois de plus monté sur ses grands chevaux, Sigmund a eu un ton un peu indigné. Puis il se rend compte que Namidachi doit le taquiner un peu.

" Je vais prendre un dessert s'il te plaît. "

Reprend Sigmund sans avoir la moindre idée de ce que c'est, simplement pour le principe d'essayer de nouvelles choses. Souriant, il regarde le chien qui avait bien soif apparemment.

" A quelle heure tu commences demain matin ? Cela va me faire du chemin pour venir, mais ce n'est pas grave. Et puis, j'aimerais bien regarder aussi l'un de ces films auxquels tu as déjà participé."

" C'est vrai que je n'ai pas l'habitude du tout, on n'a pas cela dans notre pays. A cause des interférences, on ne peut pas compter sur l'électricité. "

Sigmund a un moment d'hésitation. Rester lui permettrait de passer un peu plus de temps avec Namidachi dans cet endroit confortable au lieu d'aller affronter la tempête.

" Cela ne te gène pas que je t'emprunte ton canapé ? Alors c'est d'accord. "

Il choisit les sushis au chocolat et demande à son hôte s'il a besoin d'une aide quelconque.

Le confort dont bénéficie Namidachi dans cet hôtel se révèle toujours plus impressionnant et le chanteur donne l'impression qu'il est habitué à tout ce luxe. Pendant que le chanteur se renseigne au téléphone, Sigmund commence à passer en revue les dvd. Il lit les résumés des histoires au dos des boîtes tout en mangeant un sushi au chocolat.

Les films de science-fiction sont trop éloignés de sa culture pour qu'il se sente concerné, et il en est de même pour certaines comédies romantiques ou certains films historiques. Finalement il fait sortir du lot un thriller avec l'histoire d'un jeune garçon qui est à la recherche d'un tueur en série.

Il laisse Namidachi faire sa vaisselle : s'il est en train de travailler, autant ne pas le déranger. Désoeuvré, l'asgardien regarde les images sur les couvertures. Ces images, c'est bien Namidachi mais sans être lui. C'est un peu troublant. Tous les sentiments humains se lisent sur ces visages. Sur certaines boîtes il a l'air d'un misérable, sur d'autres d'un aventurier plein de panache.

Sigmund lève la boîte du dvd pour montrer ce qu'il a choisi à Namidachi, avant de terminer son dessert d'une bouchée. Il admet alors :

" Le goût est bon, mais je pense que c'est trop sucré pour moi. Est-ce que ça va de ton côté ? Tu as trouvé l'inspiration ? "

Il se calle confortablement dans le divan et reprend sa contemplation de la ville en attendant que Namidachi le rejoigne. L'asgardien est songeur. Ils sont tellement différents. Pour le moment il se sent bien en sa présence et a l'impression de le comprendre. Mais va t-il y avoir des limites que leur amitié naissante risque de rencontrer bientôt ?

C'est alors qu'il se rend compte que le chiot est en train de le regarder. Il a fini de faire le tour du loft. Après un échange de regards, l'animal grimpe à côté de l'asgardien et se roule en boule sur un coussin. En voilà un qui ne se pose pas de questions inutiles. Sigmund soupire avant de s'adresser à nouveau à Namidachi :

" On essayera les jeux vidéos demain. "

Sigmund sourit à son hôte. Il n'a vraiment rien fait de particulier pour l'aider à écrire une nouvelle musique.

" C'est plutôt flatteur, il faudra que tu me fasses entendre le résultat. "

L'asgardien hausse un peu le sourcil quand il apprend que Namidachi accepte de se travestir pour les réalisateurs. Il n'ose pas relever le détail, même s'il se demande ce que cela peut bien cacher comme réalité. Est-ce que c'est simplement une plaisanterie, il se déguise un peu comme dans cette drôle de légende où Thor s'est fait passer pour Freyja pour récupérer son marteau chez les géants ? En même temps, il se dit que Nami pourrait facilement passer pour une jeune fille, car il est assez androgyne. Le métier d'acteur a l'air difficile.

Le film commence. Il y a des moments que Sigmund parvient à suivre facilement, d'autres où il décroche un peu. Il trouve que c'est beaucoup plus intense que les pièces de théâtre ou certaines chansons jouées à Asgard. Même s'il voit que les acteurs ont des mimiques qui ne sont pas vraiment naturelles, certains passages font illusion. On s'y croirait. Il a du mal à démêler le vrai du faux. A un moment, Namidachi qui joue le rôle du personnage principal se fait poignarder la main en essayant d'arrêter le criminel. Pourtant, le chanteur n'a pas de cicatrice à cet endroit. Il doit y avoir un truc. Et cette fille qu'il embrasse dans le film au vu et au su de tous les spectateurs, qui est-elle.

" Elle est vraiment jolie. C'est ta fiancée ? "

" Oui, ça j'ai bien compris, c'est de l'illusion. Je me doute bien que pour raconter une histoire vous n'avez tué personne. Mais vous montrez tellement de choses qu'on ne montre pas chez nous, et cela a l'air tellement réel. "

Sigmund n'a pas un ton très insistant. Il est en train de tenir le même discours facile que certains asgardiens qui trouvent que les autres humains sous la protection de cette déesse grecque se permettent vraiment tout. C'est assez hypocrite car finalement Sigmund sait bien que même si les siens renoncent à ce qu'on appelle le progrès pour suivre les préceptes d'Odin, ils ne sont pas pour autant plus saints. Le paradoxe de deux cultures, l'une qui prétend tout montrer alors que ce ne sont que des illusions, l'autre qui prétend tout cacher alors que la réalité est connue à mots bas.

" Je verrais demain comment vous faites toute cette magie. "

Autant prendre les choses à la légère, sinon Namidachi le prendra pour un idiot et il n'aura pas tort. Il lui sourit d'un air un peu fatigué.

" Je me suis pas mal promené aujourd'hui. Il vaut mieux que j'aille me reposer pour affronter le lot de surprises de demain. Tu m'as proposé une chambre d'ami ? "

La chambre d'ami est plutôt accueillante et Sigmund remarque avec contentement qu'elle donne sur la cour arrière de l'hôtel. Il pourra sortir directement par là pour aller dehors faire son entraînement du matin juste au réveil. Namidachi lui crie qu'il a une salle de bains pour lui, et il répond sur le même ton :

" D'accord ! "

Il fait couler son bain et rince à côté ses vêtements qui sècheront dans la nuit. Il profite ensuite du petit moment de détente à se laver pour réfléchir à sa journée. Il faut qu'il trouve un maître pour Namidachi et fait mentalement le tour des maîtres d'Asgard. Sigmund a l'avantage de les connaître, mais en même temps seraient-ils assez ouverts pour accepter quelqu'un qui n'est pas de leur peuple ?

L'idéal serait un saint d'Athena. L'asgardien a quelques réticences car le puissant ordre des chevaliers a quelque chose d'écrasant dans le pouvoir qu'il affiche et il a un instinct de rivalité envers eux comme beaucoup de guerriers de son pays. Mais son père lui a toujours dit qu'Asgard devait collaborer avec eux. Alors il se dit qu'il devra envisager cette éventualité.

Il se rend compte qu'il a à peine parlé de lui-même à son hôte. Celui-ci doit avoir vraiment confiance en lui pour accepter de prendre sous son toit un étranger dont il sait si peu de choses. Sigmund se dit qu'il devra réparer cela dès le lendemain matin.

Lorsqu'il a fini, il va se glisser dans les draps du lit et attend que le sommeil le gagne. Il se demande si Nami a rendu le petit chien. Il pensait lorsqu'il lui avait dit de le rendre lui-même que cela lui ferait une compagnie après son départ. Sigmund déteste ce moment de solitude après le départ d'un ami. C'est alors qu'il se rend compte en ouvrant de grands yeux qu'il va falloir expliquer par quelle magie l'animal a pû disparaître de son rebord de fenêtre pour arriver sous la garde de Nami.

Quel idiot. Je ... J'espère qu'il va trouver une excuse !

La porte s'entrouvre avec à peine de bruit et soudain une petite créature frétillant de la queue trottine jusqu'au lit. Sigmund rallume la lumière. Et voit le chien sauter sur le couvre-lit. L'asgardien se redresse dans le lit et donne quelques caresses à l'animal. Le chiot ne semble pas être venu de lui-même.

" Nami ? "

Mais la porte s'est refermée. Discret et poli, le chanteur n'a pas voulu le déranger. Sigmund regarde le chiot qui finit par se coucher.

" Alors, il a renoncé à se séparer de toi tout de suite. Tant mieux. Quand je serais reparti en Asgard, il aura une présence pour lui. Il a dû s'habituer à vivre ainsi, mais je sens qu'il doit être triste dans ce grand appartement vide. Et s'il ne peut pas t'emporter en voyage, je t'emmènerai en Asgard, jusqu'à ce que nous puissions nous rencontrer tous les trois à nouveau."

Le chien donne un petit coup de langue sur la main de Sigmund et celui-ci laisse échapper un petit rire. Il se recouche mais peine à trouver le sommeil, car il a du mal à s'empêcher de penser à Namidachi, sa drôle de vie d'idole, son passé angoissant, son regard d'une grande douceur. Il a hâte d'être demain. Heureusement la fatigue d'une journée bien remplie finit par l'emporter.

Au beau milieu de la nuit, Sigmund est réveillé par le chiot qui dormait sur son lit. L'animal aboie et gémit comme s'il voulait que Sigmund fasse quelque chose pour lui. Intrigué, l'asgardien enfile le peignoir qu'il a trouvé dans la salle de bains, et suit le chiot qui fonce droit vers la porte d'une chambre.

C'est celle de Nami si je ne me trompe pas. Mais, que se passe t-il ? J'entends sa voix, on dirait que ...

Sigmund hésite un moment et a presque envie d'attraper le chien qui gratte à la porte pour entrer. Nami est sans doute en train de rêver, c'est un peu gênant d'ouvrir comme ça sa chambre pour une raison pareille. Mais un cri de détresse le retient. Il ne peut pas rester comme ça sans rien faire. Alors il toque à la porte en parlant à voix assez haute pour réveiller le chanteur.

" Nami ? Est-ce que tout va bien ? "